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mourait (1650), léguant à sa fille pour dernier conseil la recommandation de « se conduire comme craignant tout des hommes et comme espérant tout de Dieu. »

Françoise ne pouvait plus retourner chez Mme de Villette. Son frère était attaché comme page au service de M. de Neuillant, gouverneur de Niort ; elle n’avait pas d’autre asile. Mais Mme de Neuillant n’était pas d’humeur à soutenir longtemps la charge d’un patronage onéreux. S’il faut en croire Tallémant, qui renchérit encore sur Saint-Simon, elle « la laissait toute nue par lésinerie. » Moins d’un an après, elle la ramena à Paris, résolue à tirer parti de l’intérêt que lui avait témoigné Scarron. Le « pauvre estropié » offrit soit de la prendre pour femme, soit de payer sa dot dans un couvent. Le mariage fut conclu au mois de mai 1652. Mlle d’Aubigné avait seize ans et demi.

II

« La maison de Scarron était le rendez-vous, dit Segrais, de tout ce qu’il y avait de plus poli à la cour et de tous les beaux esprits de Paris. » Le maréchal d’Albret, le comte de Grammont, Ménage, Pellisson, les Scudéry, Mmes de la Suze et de la Sablière en étaient les hôtes familiers, et l’on ne s’y interdisait pas les propos galants ni les conversations libertines. Mme Scarron était alors dans tout l’éclat de la jeunesse. On peut en juger par le portrait que, sept ans plus tard (