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prisons de la Rochelle, d’Angers, de Paris, de Bordeaux, ou hors du royaume. » Il était interné au fort de Château-Trompette, « à cause de ses commerces avec les Anglais » (1627), lorsqu’il épousa la fille du gouverneur. Mis en liberté à la suite de ce mariage, moins de quatre ans après il avait été ressaisi par ses créanciers. On l’accusait en outre d’avoir conspiré avec Gaston et ses partisans contre le cardinal de Richelieu (1632). Jeanne de Cardilhac l’avait suivi dans sa captivité ; le cadet de ses fils, Charles, était né en prison, et c’est en prison, comme son frère, que Françoise avait vu le jour. Les parents de Constant, indignés et humiliés de sa conduite, l’avaient tous abandonné. Mme de Villette, sa sœur, était la seule qui vînt le visiter. Elle trouva la nouveau-née dans un tel dénuement, qu’émue de pitié elle l’emporta au château de Mursay, où elle la remit à la nourrice qui avait allaité sa propre fille.

Cependant Mme d’Aubigné n’épargnait rien, ni prières, ni sacrifices, pour obtenir la grâce de son mari. « Vous seriez bien heureuse si je vous la refusais, » avait répondu Richelieu ; et il la lui avait refusée. Ce n’est qu’en 1642, à la mort du cardinal, et quand les prisons d’État furent ouvertes par Mazarin, que Constant fut définitivement libéré. Il alla chercher la fortune à la Martinique. « Au cours de la traversée, raconte Mlle d’Aumale, Françoise fut si mal qu’on la crut morte. Mme d’Aubigné, par un mouvement de tendresse naturelle, la voulut voir avant qu’on la jetât. Elle sentit quelque artère qui battait encore et dit : « Ma fille n’est pas morte. » Ce qui la sauva. On doutait si peu de sa mort que le canon était prêt à tirer pour quand on la jetterait à la mer. » Au retour, « le vaisseau dans lequel