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Voilà cet homme retiré des affaires. Debout sur le marche pied, il avait contracté trois préoccupations chagrines qu’il emportait dans sa retraite. Mais la carriole traversait Charenton, Jamais M. Richomme n’avait vu la jonction de la Marne et de la Seine. Il admira.


VI.

Pressé de rajeunir l’établissement de la rue Saint-Merri, malgré les remarques si sensées de son beau-père, Fleuriot appela les architectes, les maçons, les menuisiers, les peintres, et les restaurations locales commencèrent avec une effroyable activité. Comme des hommes politiques, les maçons ne reconstituent qu’après avoir tout démoli autour d’eux ; sous la pioche de fer et le levier, les murs de la maison de droguerie furent renversés ; les plafonds s’écroulèrent ; des ruisseaux de poussière sortaient des croisées et des portes, des poutres monstrueuses barraient l’entrée. La besogne fut longue, Fournisseaux en maigrissait à vue d’œil : chaque coup de marteau tuait une de ses habitudes, pulvérisait un de ses souvenirs ; où il cherchait un mur, il heurtait un escalier ; où il croyait trouver l’escalier, il rencontrait le vide ; où il se figurait pouvoir passer, il se cognait le front. Sa chambre même ne fut pas respectée ; on en troua la cloison pour ménager une ouverture à une bouche de chaleur, et on démolit l’étroite bande de plomb qu’il ornait de pots de réséda, afin de laisser l’espace libre à une chaîne électrique ; car la maison s’arma d’un paratonnerre, autre douleur pour Fournisseaux.