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gêné dans sa marche à travers les sentiers tortueux, sous les galeries sombres de la mine, il sonna du cor avec force pour avertir les mineurs de sa présence.

Au bout de quelques minutes, la porte de chêne ouvrit ses deux battants et les referma sur Ulrich. La bride du cheval fut nouée à un anneau scellé dans le mur à quelques pas de l’entrée.

À la clarté d’un falot, il descendit la pente rapide de la première galerie, appuyé sur l’épaule de Gottfried, qui était venu à sa rencontre.

Il respira avec plus de liberté dès qu’il sentit que son coude et ses genoux ne froissaient plus les parois de la mine, et que sa tête ne détachait plus en passant des exfoliations d’argile. L’air devint, graduellement moins pesant, les ténèbres moins épaisses ; la sonorité des pas annonça bientôt l’espace. Il tomba une fraîcheur perpendiculaire sur son front. Gottfried éleva le falot ; Ulrich remarqua qu’ils étaient sous une voûte colossale, soutenue par elle-même, formée de quartiers de roches rougeâtres, tissues et entrelacées de racines. Des fuites d’eau larmoyaient çà et là à des intervalles inégaux. Quelques étoiles luisaient au-dessus de cette voûte par une ouverture qui s’était faite à son sommet à la suite d’un amincissement de terrain. Des chèvres égarées se hasardaient parfois à avancer leur tête barbue et à pousser un bêlement plaintif au bord de ce trou.

— Passez cette chemise de toile noire, dit le conducteur à Ulrich ; sans cela, je ne réponds pas que vous ne soyez complètement habillé de deuil avant d’être arrivé.