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c’est l’humilité, qui renferme la soumission exclusive à notre saint-père, l’obéissance au prince.

On se regardait dans l’église ; on croyait avoir mal compris. Était-ce de l’ironie ? Mais l’ironie est une épée, et il lui faut une gaîne plus déliée que le corps d’un moine pour l’enfermer. Qu’était-ce donc ?

— Frères, vous êtes trop chrétiens pour ignorer que les indulgences sont ceci. Les saints ont souffert, Jésus-Christ a beaucoup souffert. Avec le mérite de leurs souffrances, non-seulement ils se sont rachetés de leurs péchés, mais ils vous rachèteront pendant toute l’éternité des vôtres. Ce surplus est immense, infini ; vous avez beau en acheter, il en reste toujours. Il y aura des indulgences jusqu’à la fin du monde, ce qui prouve que Dieu dans sa sagesse a prévu que nous serions incorrigibles jusque-là. Donc Rome a le droit de vendre les indulgences en telle quantité et à tel prix qu’elle l’entend. Jamais le vrai chrétien n’a élevé des doutes sur ce privilège.

Et moi, je l’ai déjà dit, qui suis le plus humble des chrétiens, qui crois aveuglément comme vous, mes frères, je ne viens pas attaquer le mérite des saints, ni leurs œuvres surabondamment saintes et propitiatoires. Je crois que le sang de Jésus-Christ, les souffrances des martyrs, les malheurs de l’église, ont plus que suffisamment servi à racheter le monde ; je crois qu’avec leurs mérites, on rachète bien des fautes et bien des crimes. En cela comme en tout, je suis d’accord avec l’autorité de l’église, avec l’autorité des conciles, et ce m’est une bien grande consolation, frères !…

Mais…