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aux discrètes et vieilles amours de Diane et d’Endymion, si délicieusement peintes, au salon de cette année, par M. Nestor d’Andert.

Esprit infatigable, Marc se dit : Si cette lumière nouvelle, au lieu de ramper dans la terre et au bord des ruisseaux, toujours esclave du tuyau qui l’opprime, pouvait devenir portative comme le feu, comme l’eau, comme l’air, un problème des plus beaux serait résolu. IL faudrait que les vaisseaux, par exemple, pussent, sur mer, s’éclairer au gaz, comme le font nos maisons sur la terre. L’effort n’est pas au-dessus des moyens de la science. Tentons !

Il reprit ses cornues, ralluma son fourneau, et son courage monta, comme la flamme de sa forge au-dessus de sa tête.

Le fidèle compagnon de Marc suivit de l’œil toutes ces opérations difficiles, qu’il analysa à sa manière, et dont il étudia les résultats avec des espérances beaucoup moins sublimes, ainsi qu’on va le voir.

Mille déceptions venaient se jeter en travers des expériences nombreuses essayées par Marc. Tantôt le gaz, soumis à une agitation trop peu ménagée, afin de pressentir les effets du roulis ; brisait violemment l’appareil ; tantôt il s’enflammait dans le réservoir, se refusant à une émission lente. Alors le pauvre savant, les mains brûlées, les cheveux roussis, restait confondu d’anéantissement devant les débris de ses naufrages. Marcelin ne perdait pas si vite courage. — Mon Dieu ! disait-il, Rome ne s’est pas bâtie en un jour ; le fleuve est d’abord ruisseau ; tout vient à point à qui sait attendre, — et autres proverbes dont on vérifie la portée lorsqu’on a