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Dauphin, dit-elle en se tournant vers son chasseur, qu’on attelle. Vous venez avec nous.

Dauphin alla faire atteler.

— Vous ne m’avez pas laissé achever, reprit Ervasy. Je serais heureux de vous mener avec moi chez cet ami, si je ne connaissais pas son caractère, mais il vous ennuierait mortellement par le récit de ses infirmités. Il ne sort pas d’ailleurs de son cabinet et il fume continuellement.

— N’importe, répliqua madame Ervasy. Au surplus, je pourrais vous attendre à l’entrée du bois avec Dauphin. Dauphin me lira le journal des modes. On ne s’ennuie pas dans un bois comme celui de Vincennes, Dauphin lit fort bien. Je goûterai sur l’herbe si vous me faites trop attendre. Dauphin m’achètera des fruits. Ainsi c’est arrêté, je ne vous quitte pas.

— La voiture est prête, vint dire Dauphin.

— Votre bras, cher ami.

Madame Ervasy s’appuya sur le bras de son mari jusqu’au perron ; là ils montèrent tous deux dans une calèche. Dauphin prit sa place derrière, et la voiture roula.

Reine Linon attendait.

Midi, midi et demi, une heure sonnèrent. Reine Linon ne vit pas arriver Ervasy. Alors elle laissa un mot pour lui sur sa table et partit toute seule pour Montmorency. Elle ne pouvait l’attendre plus longtemps ; dans tous les cas, il était prévenu. Pourquoi avait-il manqué au rendez-vous ? pourquoi un mot de lui ne l’avait-il pas avertie de son impossibilité à s’y trouver ? Ces pensées et le mouvement de deux ou trois voitures différentes où elle monta pour se rendre à Montmorency allumèrent son sang. S’il