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d’une courtisane célèbre, sa maîtresse, et donna cours à ces pièces d’or et d’argent dans les limites de ses propriétés.

Enfin le jour de la réconciliation se leva et Ervasy attendit midi avec impatience. Après le déjeuner, où il s’était montré d’une humeur charmante avec sa femme, la trouvant belle, spirituelle, séduisante, il lui dit qu’il allait faire visite à l’un de ses anciens amis retiré près de Vincennes. Il dînerait chez lui ; ainsi on ne l’attendrait pas à l’hôtel.

— Comme je réussis ! pensa madame Ervasy, en écoutant les éloges donnés à ses qualités par la bouche de son mari. Encore quelques efforts, et il est sauvé. Ce n’est déjà plus le même homme.

— Vous ne partirez pas encore, lui dit-elle en le retenant.

— Je ne suis pas du tout pressé de vous quitter, répondit Ervasy, qui aurait déjà voulu être bien loin.

— Alors, écoutez-moi. Nous restons ensemble aujourd’hui.

— Vraiment ! s’écria Ervasy, du plus étrange son de voix.

— Nous irons tous deux chez cet ami ; vous me présenterez à lui.

— Avec plaisir, mais…

— Si nous ne dînons pas chez lui, nous dînerons au premier restaurant venu.

— Vous avez là une charmante idée, mais…

— Mais quoi, reprit madame Ervasy, il fait un temps délicieux, pur, on ne saurait le souhaiter plus beau ; le bois de Vincennes doit être admirable au coucher du soleil.