Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prince, car c’était lui, dit à la blanchisseuse de fin, en lui remettant de nouveau l’écrin : « J’attends de vous un grand service ; trouverez-vous mauvais que je commence par être galant avec vous ? »

Reine sourit, tout en rougissant de son erreur. Tenait-elle, ne tenait-elle pas l’écrin ?


VII.

Voyant Reine à demi rassurée, le prince la pria de s’asseoir près de lui sans lui permettre de soupçonner dans son empressement familier et contenu tout à la fois le plus léger désir de se jouer de sa crédulité. Le service qu’il attendait d’elle lui fut expliqué à voix basse. Reine entra peu à peu dans les vues qu’il lui exposa en quelques mots clairs et concis ; mais à peine eut-il fait la moitié de la confidence, qu’elle se prit à sourire. Bientôt ce sourire, se prolongeant, devint une petite gaieté d’étonnement, et la gaieté fut à la fin si expansive, si franche, si soutenue, quelle accompagna jusqu’au bout le monologue du prince, charmé d’un tel assentiment.

— C’est donc convenu, s’écria-t-il en se levant. Vous ne croirez plus, j’espère, mademoiselle, que j’ai jamais eu l’intention d’exiger de vous plus que je ne vous ai demandé. Adieu, mademoiselle Reine, à bientôt.

— À bientôt, lui répondit Reine, en accompagnant le prince jusqu’au commencement de l’escalier.

Quand elle rentra dans sa chambre, elle se jeta sur son écrin, et fut presque sur le point de s’écrier en l’admirant :