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— Était-il un peu engraissé ? demanda le prince.

— Il était accompagné d’une jolie petite femme, blonde, jeune, qui portait un beau bouquet de dahlias.

— Et ils se sont quittés, cela va sans dire, après être descendus du convoi ?

— Pas du tout, monseigneur. Ils sont montés tous deux dans une petite voiture.

— Naturellement, tu les as aussitôt perdus de vue.

— J’ai eu, le croiriez-vous ? la curiosité de les suivre. J’ai pris un fiacre, et j’ai dit au cocher de suivre la petite voiture.

— Je prévois que le cocher était gris, et qu’il t’a mis à la suite d’un corbillard.

— Il était gris, mais il m’a arrêté à vingt pas de la maison devant laquelle s’était arrêté la petite voiture.

— Le reste, comme de raison, ne t’est pas connu ?

— Le reste, monseigneur, n’était pas difficile à connaître. La jeune fille se nomme Reine Linon ; elle est blanchisseuse, et j’ai pris par écrit, de peur de l’oublier, le numéro de la maison.

— Ceci n’est d’aucune importance pour personne, dit le prince en lisant le numéro ; l’essentiel est de savoir si ce voyage a fait du bien à ton maître.

— Il est rajeuni de dix ans. Il a dit des choses fort amusantes à sa femme tout le long de la soirée. Je n’en revenais pas.

— Ah ! j’en suis charmé, s’écria le prince. Il faudrait conclure de ce que tu m’as dit que les voyages en chemin de fer seraient peut-être un excellent moyen de ramener