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L’épicier, en parlant au mercier, répétait : Voilà plus de douze jours que la petite blanchisseuse n’est pas rentrée chez elle. On l’a enlevée.

Le mercier faisait quelques pas vers le pharmacien, et lui répétait : Voilà bien quinze jours que la petite blanchisseuse n’est pas rentrée chez elle. Elle s’est noyée.

Suivie d’un commissionnaire qui portait derrière elle un sac de nuit, Reine Linon passait sous le seuil de sa porte au grand étonnement du portier, de la fruitière, du mercier et du pharmacien.

Le lendemain, Dauphin se présentait à l’hôtel du prince et demandait à lui parler.

— Monseigneur, dit-il en le voyant, j’ai déjà des nouvelles à vous apprendre.

— Parle, Dauphin.

Le chasseur raconta alors au prince que le jour même où il avait eu l’honneur de le voir, M. Ervasy, était parti pour Versailles. Il y était allé, avait-il dit à madame Ervasy, dans l’intention de débattre quelques intérêts de propriété avec les actionnaires du chemin de fer. Dauphin n’avait pas pu le suivre si loin ; mais, préoccupé de son engagement envers le prince, il avait passé une grande partie de son temps au débarcadère du chemin de fer, afin de voir arriver de Versailles, pour peu que le hasard fût favorable, son excellent maître. M. Ervasy.

— Le voyage seul, interrompit le prince, était un événement heureux pour sa santé.

Passant à côté de la réflexion, Dauphin continua et dit que par un bonheur extraordinaire il s’était trouvé là juste au moment où M. Ervasy sortait du wagon.