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tout le noir : c’est excellemment comme il faut. La robe de Reine était noire, sans volants ; elle saisissait étroitement ses épaules et sa taille, et bouffait avec une certaine exagération au dessous de la taille. Sa chaussure, de prunelle moirée aux reflets d’or, achevait une toilette élégante et simple, que rehaussait une mantille bordée d’un simple velours de soie. La dentelle l’avait effrayée ; elle est chère, et elle vieillit qui la porte.

Ervasy ne vit que le luxe de la toilette ; les détails lui échappèrent.

— Où allez-vous donc, que vous êtes si élégamment parée, lui demanda-t-il d’un ton qu’il aurait voulu rendre exempt d’humeur : vous ne m’attendiez pas ?

— Devinez.

Il faut toujours deviner avec les grisettes.

— À quelque dîner ; que sais-je ?

— Non, j’ai dîné il y a deux heures.

— Sitôt ! alors vous allez au spectacle ?

— Oui, monsieur.

Tous les fantômes de la jalousie frôlèrent les cheveux d’Ervasy. — Je l’ai surprise ! pensa-t-il.

— Et avec qui, s’informa-t-il en souriant, allez-vous au spectacle ?

— Devinez encore.

— Toujours deviner !

— Alors vous ne le saurez pas.

— Avec votre amant ! s’écria Ervasy.

— C’est ma foi vrai ! répondit Reine, et je n’attendais plus que lui pour partir.

Ce jour-là elle était charmante. Elle prit Ervasy par le