Page:Gozlan - Les vendanges, 1853.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Merry était dans un état satisfaisant au moment de son départ.

On ne pouvait choisir un objet qui fût plus du goût de madame Richomme. Elle regrettait, dit-elle, sa bonne et noire paroisse, sa place près du chœur, les belles voix qu’elle entendait aux vêpres, et surtout son vieux confesseur, un digne, un excellent homme : elle ne le remplacerait jamais.

— Nous n’avons pas, c’est vrai, répondit l’abbé de La Gâtinière, piqué à l’endroit de l’amour-propre, des voix aussi belles qu’à Paris, où on les recrute à l’Opéra. Et je conviens aussi que, si les confesseurs ne sont bons qu’avec l’âge, je ne suis pas encore tout à fait digne d’être celui de madame Richomme.

— Eh oui ! dit madame Richomme sans deviner ce qu’il y avait d’aigreur jalouse dans la voix du curé ; eh oui ! j’aime mon vieux confesseur ; j’y tiens, quoiqu’il soit un peu sourd.

— Vous ne prétendez pas cependant, madame, que ce soit là un avantage.

— Non ; d’ailleurs il était jeune comme vous quand il fut nommé à Saint-Merry. C’était un bel homme, un œil à vous ravir, un teint blanc comme du lait, une taille d’officier de la garde ; il ressemblait un peu, ma foi, à votre vicaire, à M. Troussier.

— Encore une qui me perd, pensa Troussier. Voilà que je ressemble à son confesseur maintenant. Tout le monde me trouvera donc beau ! — Et comme il regarda en dessous le curé pour voir l’effet produit sur lui par ce déplorable compliment :