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le dragon rouge.

qu’il est puissamment riche. À quelle femme voulez-vous que je propose d’associer sa vie à la mienne, dans ces temps où la richesse est si recherchée, où briller est tout ?

— Mais je suis riche, moi ! je suis très-riche, s’écria Casimire en se levant, et qui, dans ce cri qui lui échappa, découvrit tout l’amour qu’elle ressentait pour le jeune commandeur.

— Ah ! loué soit Dieu ! l’interrompit celui-ci, M. de Canilly, votre père, n’a pas encore flétri votre âme avec sa politique. Vous êtes généreuse, vous êtes bonne. Il n’osa pas ajouter : Et vous ne craignez pas d’avouer que vous m’aimez.

— Il ne s’agit ni de moi ni de mon père, reprit sèchement Casimire ; je ne sais pourquoi vous l’accusez ainsi. Son visage et sa voix avaient complètement changé en un instant ; c’étaient le son de voix et l’expression de visage de M. de Canilly.

D’un mouvement rapide, elle s’élança sur le cheval ; elle attendit que le commandeur y reprît sa place. Ils partirent de nouveau, mais cette fois il n’y avait rien à craindre. Les chevaux sont comme les hommes : rien ne les dompte comme une chute.

Bouleversé par les dernières paroles qu’il venait d’entendre, le commandeur ne croyait pas ramener la même personne. Il ne remarquait pas qu’en allant Casimire avait seulement posé la main sur son épaule, et qu’au retour il était entouré par les bras de Casimire.