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le dragon rouge.

pas du tout, maintenant tu vas trop vite ; tu es comme le bateau de mon oncle le passeur.

— Mais enfin, si Casimire aime…

— Je crois cela, par exemple, reprit Marine.

— Ah ! tu le crois ! Alors tu sais qui elle aime ?

— Non !

— Tu le sais…

— Non ! mais je le saurai.

— Moi, je le sais, s’écria le comte, par un de ces revirements qui lui étaient familiers, je sais qui elle aime.

— Et qui est-ce donc ?

— Ah ! tête romanesque, se reprit-il, imagination que je croyais avoir domptée !

— Mais qui aime-t-elle, enfin ?

— C’est mon secret, répondit le comte en se frottant les mains ; c’est mon secret !

— Puisque cela est ainsi, dit Marine, je n’ai plus rien à te dire. C’est bien. Mais que vas-tu faire ? l’empêcher d’aller dans le monde avec le marquis de Courtenay ?

— Dieu m’en garde ! laissons-la aller avec lui. Ne dérangeons rien. Va, repose-toi sur moi.

— À la bonne heure, dit Marine en s’en allant, à la bonne heure !

— Qui m’eût dit, s’écria le comte, le bras en l’air, que Casimire aimât M. de Marescreux sur la simple peinture que je lui ai faite de sa personne !