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le dragon rouge.

siècle elle était à peine sur la dernière marche du palais. Cependant on finit par ne plus entendre parler d’elle ; on la croyait écrasée. Qu’est-elle donc devenue cette ambitieuse ? se dirent les plus vieux courtisans parmi les petits-fils de ceux qui l’avaient autrefois narguée. Elle a donc disparu ? Elle est morte dans sa coquille, elle qui devait occuper la première place au-dessus de tout le monde. — Vous vous trompez, répondit une voix qui partait du sommet de la tête de la souveraine ; je suis devenue le peigne de Sa Majesté ; je touche à la couronne.

La marquise était arrivée au dernier effort de l’énergie humaine lorsque la porte du salon s’ouvrit ; son mari entrait. Elle attendit un instant pour voir s’il était suivi du commandeur.

Personne ne suivait.

Elle s’élance sur le marquis, qu’elle entraîne hors du salon.

— Votre frère ? votre frère ? Il est mort, n’est-ce pas ?…


xxvii

La figure de la marquise, en disant cela, prit une si extraordinaire expression d’épouvante que le marquis eut peur de lui apprendre la vérité.

— Mon frère ?… Mon frère est en fuite, bégaya-t-il.

— Ah !… il n’est pas mort, dit la marquise en respirant ; il n’est pas mort ! Vous comprenez, monsieur, la crainte que j’ai éprouvée en vous voyant revenir seul ; mes appréhensions… Vous avez été si long, si long à revenir… Ah ! il est en fuite !… Mais vous, s’interrompit la marquise, qui se ravisait un peu