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le dragon rouge.

— Nous verrons.

— Pas de nous verrons, mon roi ; elle est si belle, si bonne, si intéressante !

— Allons !

— Ce n’est pas tout.

— Quoi encore ?

— Tous ses biens lui seront rendus.

— Cela va sans dire, répondit le roi.

— Tu lui rendras aussi ses titres ?

— Oui, oui, oui. Mais la messe ! M. l’archevêque m’attend ; nous reprendrons après déjeuner.

— Je n’ai plus qu’un mot.

— Voyons ce mot, ma belle nourrice.

M. le commandeur de Courtenay, qui est enfermé à la Bastille…

— À la Bastille ! dit le roi ; je n’en savais rien.

— Tu vas le faire sortir, n’est-ce pas ?

— Je saurai d’abord pourquoi on l’y a mis.

— Oh ! je vais te le dire. Je suppose…

— Ah ! grand Dieu ! j’aime mieux le faire sortir tout de suite, interrompit le roi, que de te laisser raconter pourquoi il y est enfermé ; je n’entendrais jamais la messe. Et maintenant dis-moi ce que tu veux pour toi ? dit le roi, entièrement habillé et prêt à passer dans la chapelle du château.

— Ce que je veux ? que tu m’embrasses, mon roi.

Et le jeune roi pencha son gracieux visage sur le cou de Marine.

L’exil de la marquise de Courtenay avait cessé, et le commandeur était libre.