Page:Gozlan - Le Dragon rouge, 1859.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
le dragon rouge.

princesse du sang, je suis princesse du lait. Fais-moi place ; je vais porter de tes nouvelles à Sa Majesté ; entends-tu ?

Le maréchal de Tavannes riait aux larmes de ce mépris de Marine pour le cérémonial, et de la figure étonnée du jeune capitaine des pages, qui n’osait plus s’opposer à l’introduction de Marine envoyant le maréchal spectateur si heureux de cette violation.

Elle souleva la portière, et entra dans la chambre à coucher du roi. En ce moment le prince de Conti, en sa qualité de prince du sang, tendait respectueusement la chemise du roi.

— Ah ! j’arrive à propos, s’écria Marine en prenant la chemise des mains du prince ; je vais voir s’ils ont eu soin de ta personne, s’ils ne t’ont laissé manquer de rien.

Le roi ne revint de sa surprise et presque de son effroi que dans les bras de Marine.

« Nourrice ! c’est ma nourrice ! c’est Marine ! » dit le jeune roi en s’enveloppant dans sa robe de chambre et en s’asseyant sur les genoux de Marine, qui s’était assise dans le fauteuil du roi.

— Qu’il est gentil ! s’écria Marine ; qu’il est beau ! qu’il est blanc ! mon bon roi !

Le prince de Conti s’était retiré quelques pas en arrière, afin de ne pas gêner cette effusion de tendresse entre le roi et sa nourrice, pour laquelle on connaissait son attachement.

— Après la messe nous nous reverrons, dit ensuite le roi.

— C’est avant la messe qu’il faut que je te parle, lui dit Marine.

— Tu as donc quelque chose de pressé à me dire ?

— Oui, mon roi.

— Quelque chose à me demander ?

— Oui, mon roi.

— Parle, c’est accordé.

— Madame la marquise de Courtenay, dont j’ai été la nourrice, veut rentrer en France.