puis plus de trois mois ? Était-il parti de Paris le jour qu’il avait indiqué sur sa première, sur sa seule lettre ? Était-il arrivé sans accident dans le Béarn, chez M. de Marescreux ? D’un autre côté, silence absolu du commandeur qui, depuis un mois, avait dû recevoir la lettre de Casimire, cette lettre si inquiétante pour son repos. Il pouvait ne l’avoir pas reçue, s’il avait suivi le corps d’armée allemand qui, ainsi que le marquaient les gazettes de Vienne, avait reçu l’ordre de descendre le Danube et d’occuper le centre de la Valachie. Alors Casimire devait se préparer à des mois, à des années de silence.
Casimire essuya promptement quelques larmes ; on entrait chez elle : c’était l’heureux marquis de Courtenay.
— Félicitons-nous, s’écria-t-il en jetant son chapeau, sa canne et ses gants, Babel est à sa fin, nous touchons au ciel. Vous avez l’air de ne pas comprendre, ma divine.
— Je l’avoue, je ne vous comprends pas, monsieur le marquis.
— De quoi peut-il être question, quand je suis harassé comme un serf qui revient de la corvée, si ce n’est des changements, des améliorations, des embellissements, des prodiges de mon palais ? Je n’en puis plus. C’est que rien ne se ferait sans moi ; il faut que je monte à l’échelle avec les peintres, que je coure sur les échafaudages avec les maçons, que je presse le serrurier, que je gourmande les ébénistes. Aussi voyez comme ils m’ont arrangé. Mais, comme je vous le disais dans la joie de mon âme, l’œuvre marche à son parfait accomplissement, et certes elle me fera honneur, n’est-ce pas ? dans l’opinion de la personne qui l’inspire.
— Assurément, répondit Casimire, qui n’avait pas saisi un seul mot de tout ce qu’avait débité le marquis en s’époussetant, en se brossant, en s’essuyant.
Il reprit en croisant ses jambes :
— Mais reste le boudoir, le temple de la divinité, et là-dessus il faut s’entendre. Mon avis seul ne suffit pas. La chose