Page:Gozlan - Balzac chez lui, 1863.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
BALZAC CHEZ LUI.

fût le mets désiré : « Il n’y en a plus, » et jamais : « Il n’y en a pas. » Nous lui avions demandé du sphinx ; il n’y en avait plus !

Balzac remplaça le sphinx par un morceau de fromage et quelques feuilles de salade arrosées d’une huile qui rappelait celle d’olives, mais de bien loin ! L’huile d’olives à Saint-Cloud ! autre sphinx.

Au dessert, — y avait-il un dessert ? — Au café, probablement, il se mit en disposition de m’apprendre enfin dans quel but nous nous trouvions réunis à Saint-Cloud, à une heure encore assez matinale.

« Vous n’ignorez pas, me dit-il, que, vers les premières années de la Restauration, quelques hommes de lettres, d’une valeur que je ne discuterai pas ici, se détachèrent un jour de la fameuse société buvante et chantante du Caveau, et se reformèrent sournoisement dans des conditions plus ambitieuses, sous la dénomination de la Compagnie de la Fourchette. On sait aujourd’hui l’esprit et les résultats de cette association. Chacun des membres jurait, s’il entrait jamais à l’Académie française, d’employer tous ses efforts pour y faire entrer un confrère, à ne faire un choix académique que dans la Compagnie de la fourchette. Au bout d’un certain nombre d’années, il devait arriver que tous finiraient par être de