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BALZAC CHEZ LUI.

touffèrent ; elles l’empoisonnèrent en lui tombant sur le cœur. Elle rentra à son hôtel pour ne plus en sortir. La douleur se changea chez elle en mélancolie, la tristesse en langueur. Puis vint la maladie, puis les médecins ; ils donnèrent un nom à cette maladie ; un nom latin ou grec : choisissez : hypertrophie du cœur, je crois. Oui, c’était bien le cœur qui était malade, mais la maladie s’appelait l’amour. La pauvre comtesse Hélène de B… avait vécu par l’amour ; cet amour tué, elle mourut. Que voulez-vous ? il n’y a que les grandes passions qui soient logiques dans ce monde : aussi font-elles mourir. Les petits sentiments vivotent.

« Avant de mourir, la comtesse Hélène régla silencieusement ses affaires ; la bonne femme de chambre, la brave Honorine, l’aida en cela avec sa fermeté discrète. Caron (vous vous rappelez l’huissier de la préfecture de police, celui de la fameuse nuit), Caron toucha une forte somme de la main à la main en compensation de la pension qu’il devenait impossible de lui servir, la comtesse n’étant plus là. Honorine ne fut pas oubliée ; elle n’eut plus besoin de se mettre en service chez les autres ; elle vit aujourd’hui retirée à Vilvorde, dans une jolie terre qu’elle a achetée : moi non plus je ne fus pas oublié ; je reçus, par Ho-