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BALZAC CHEZ LUI.

— Je crains, balbutia Lireux, que si vous négligez d’envoyer aux journalistes les loges qu’ils sont dans l’habitude immémoriale d’occuper…

— Encore une fois, pardon, monsieur Lireux, mais j’en ai fini depuis longtemps et fini pour toujours avec les journalistes ; c’est entre nous une guerre de sauvages : ils veulent me scalper à la manière des Mohicans, et moi je veux boire dans leur crâne à la manière des Muscogulges. »

Lireux retira ses journalistes.

Le traité fut ratifié vers minuit de part et d’autre : les trois premières représentations de Quinola appartiendraient à Balzac, qui aurait également le droit de vendre à qui il voudrait et à tel prix qui lui conviendrait les mille ou douze cents places dont se composait alors la belle et ennuyeuse salle de l’Odéon.

Peu de jours après ce dîner chez Risbeck, les répétitions de Quinola commencèrent, travail préparatoire auquel Balzac assista régulièrement, moins pour enseigner aux acteurs comment il souhaitait être interprété que pour refaire aujourd’hui une phrase de sa comédie, demain une scène, après-demain tout un acte ; travail qu’il compliquait encore en transportant ces innombrables corrections et modifications, non-seulement comme nous le pratiquons tous sur le ma-