Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de préciser la route où doivent plus à l’aise galoper leurs désirs. La tyrannie malheureusement voisine avec le bon conseil : on ne sait pas toujours les distinguer l’un de l’autre, d’où révolte : puis la tentation est grande pour l’homme de légiférer sur tous les points, dès que la femme sur quelques-uns accepta ses avis ; viennent les ordres, le despotisme commence et l’insurrection est justifiée.

— « Vous parlez madame, comme un homme d’État, et je m’étonne que vous ne soyez pas Egérie quelque part ?

— « Je le fus et je m’en lassai. Vous me raillez donc bien mal à propos. Les femmes, peut-être, sont amusantes à conduire, non pas les hommes. L’Egérie qu’il leur faut tient en laisse un petit être rondelet aux oreilles tombantes ; Rops l’a dessinée, et bien que je ne fréquente pas les musées secrets, je l’ai vue. Une Égérie par jour et c’est toujours la même, dont l’âme se rend visible à leur spiritualité sous de plus secrètes, et de plus révélatrices toisons. C’est là qu’ils vont chercher la couleur de l’âme. »

Sixtine avait parlé avec une chaleur juvénalienne, qui découragea Entragues. C’était l’indignation de la femme dont l’intelligence a été dédaignée qui, se croyant une collaboratrice politique, avait vu son rôle abaissé à celui d’instrument charnel. Il feignit de n’avoir remarqué que le côté piquant de son discours et reprit :

— « Je n’avais pas osé, en ma théorie de la science des cheveux, mettre en lignes toutes les concordances possibles. Le vêtement, d’ailleurs, rend tout à