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Il se hâtait vers l’accoutumée vision, mais ses jambes ployaient, ses mains glissaient sur la corde d’appui, son cœur battait comme l’éternelle horloge, il lui fallut l’effort d’une suprême volonté pour vaincre l’éblouissement, gravir les dernières marches, aller tomber à genoux près de la balustrade.

Là, plein d’angoisses, étourdi par le soudain roulis qui secouait la Tour, comme un navire au milieu de l’orage, il se sentit défaillir, puis ses yeux se troublèrent, il pleura.

Indifférente comme une madone, la Novella le regardait pleurer.

Alors, sans autre transition, il sentit en son âme la colère des amants congédiés.

— Que t’ai-je fait ? Trouves-tu que je ne t’ai pas aimée d’un amour assez insatiable ? Voyons, tu sais bien que je t’appartiens : souviens-toi du pacte ! Veux-tu que je t’appelle parjure ? Es-tu femme, tout de même ! Femme, mais madone, et je n’ai pas d’injures assez métaphysiques pour t’atteindre. Cependant, n’abuse pas de ta virginité, tu te ferais dire des choses désagréables. Tiens, nous allons transiger : prends-moi comme orphelin. Après nous verrons.

Indifférente comme une madone, la Novella le regardait toujours.

« Ah ! songea Guido, elle est inflexible. Son cœur est un décret éternel. Je raille celle qui était avant le Temps, quelle stupidité ! et je m’abîme en des sarcasmes blasphématoires que son fils me comptera un jour. La passion m’égare, mais la passion avant tout.

— Novella ! madone adorée, écoute-moi. D’autres