Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/267

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans le Calice le vin bleu démocratique, nul original prosateur ne se révéla qui ne fût chrétien d’instinct ou de croyance, de désir ou de nécessité, d’amour ou de dégoût, — de Chateaubriand à Villiers et à Huysmans et nul vrai poète, de Vigny à Baudelaire et à Verlaine !

Comte n’a pas atteint, de ses lourdes pierres, les âmes qu’il voulait écraser, — pas plus qu’un enfant qui lance les petits cailloux de la grève vers l’inaccessible vol des mouettes ! Et ce même siècle, qui prétend n’admettre que la force mathématiquement éprouvée, s’éteindra dans l’idéalisme verbal. On ne croira plus eux choses, mais aux seules idées que nous en avons ; et, comme l’obscurité de l’idée ne se clarifie que par la parole, rien n’existera plus des choses que les mots qui les dénomment et la définitive destruction de la matière s’achèvera dans le prononcé de cet axiome : L’univers est le signe du verbe…

Mais, songeait encore Hubert, en sortant du café, ceci, et mon mépris d’un réalisme dérisoire, d’un illusoire vérisme, n’implique dans l’art ni la paresse, ni la lâcheté, ni l’a peu près : l’idéalisme que je professe n’a rien de commun, non plus, avec les vagues intuitions de tels filateurs de ruban psychologique, — c’est un idéalisme documenté, solidement établi, comme le porche fleurancé d’une cathédrale, dans les fondations de l’exactitude… »