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arcanes de ces phrases tortionnées dont Dazin n’était pas le trouveur. Un tel style n’était pas absolument damnable, pourvu qu’on ne s’en servît qu’à l’occasion d’obscurité voulues et avec la glose d’un contexte.

Mortifié d’être compris par un simple analyste, Dazin s’en alla.

— Il se croit, dit Renaudeau, un Mallarmé ou un Laforgue plus subtils.

— Il n’a pas même, dit Calixte Héliot, surpris les plus élémentaires de leurs procédés.

— Les procédés d’un poète, dit Entragues, font partie de son talent : il serait bien stérile de les posséder. Mallarmé joue avec les couleurs complémentaires de celles dont il veut suggérer la vision. Si Dazin était resté je lui aurais livré ce secret et aussi que pour être un Laforgue plus subtil, il faut en plus d’une capricieuse syntaxe, d’abusives métaphores de mots rares, etc., — une spontanéité qui touche au génie.

Sortis ensemble, Hubert et Calixte s’en allèrent au hasard des rues, continuant, presque toujours d’accord, la conversation commencée à la Revue.

Cette fois encore ils ne se quittèrent qu’à l’heure de dormir, heureux de jouir l’un de l’autre, avec la certitude de se plaire pareillement, d’émettre de concordantes pensées, de ne pouvoir rien proférer qui fût pour l’un ou pour l’autre un blasphème.

Comme ils notaient le parallélisme de ces deux soirées que de fortuites rencontres leur donnaient, à brève distance, Hubert fit remarquer à Calixte la dualité dans le processus des événements :