Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée


XXIII.— L’ADORANT


III.— LA FUMÉE DE L’ENCENS


« Il y a un décret, Valérien, que je veux le dire : j’ai pour amant un ange de Dieu, qui, avec une extrême jalousie, veille sur mon corps. Bréviaire romain, Office de sainte Cécile.


De l’encens ! De l’encens !

Que d’encens il y a dans les encensoirs !

Que de fumée il y a dans l’encens !

Nuage, c’est païen. Vierge ! fi ! de se cacher dans un nuage pour faire l’amour. Mais à quoi bon ? Je vois les ailes de l’ange dont la blancheur éclate sous le nuage odorant. C’est avec cela, avec si peu, Vierge ! fi ! qu’il t’a grisée pour avoir raison de toi. Et tu lui souris, je vois tes yeux dont la fulgence éclate sous le nuage odorant, à l’ombre des ailes blanches !

Toi l’immaculée ! Et pour qui tant de pureté souillée ? Pour qui ? Pour un ange ?

Tu as cru que c’était le Saint-Esprit ? — Oui, la colombe m’a becqueté les lèvres et j’ai entr’ouvert la bouche et je lui ai donné le petit bout de ma langue. Je parle de longtemps. C’était très agréable et j’avais toujours envie de recommencer.

— Ah ! Vierge, fi ! tu mens comme une femme. Les