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CONTES DE LA VIEILLE FRANCE[1]


La littérature française est si ancienne, est si riche de belles œuvres, qu’il est difficile de la bien connaître. La partie primitive, d’ailleurs, qui va du neuvième siècle au seizième, est pratiquement inabordable pour ceux qui n’ont pas fait d’études spéciales. Le vieux français est une langue, ou plutôt une suite de langues qu’il faut apprendre. Le fond n’a pas varié. Il y a des mots que nous prononçons quotidiennement et qui étaient déjà sur les lèvres des hommes au temps des derniers carlovingiens, tels corps, faire, servir, ciel, argent, mort, etc. Mais le plus grand nombre ne se comprennent plus. Il est donc nécessaire, si l’on veut mettre à la portée du public et même des lettrés, les œuvres de ces siècles reculés, de les traduire en français moderne. C’est une tâche des plus délicates. Récemment

  1. Jean Moréas, Contes de la vieille France. — Paris, Mercure de France, 1 vol. in-18.