LA POÉSIE DE LA NATURE
Très peu de poètes méritent le nom de poètes de la nature. Le romantisme nous a donné cette illusion d’être un retour à la nature ; peut-être, par comparaison avec les temps qui précédèrent immédiatement J.-J. Rousseau, et encore ! Car ces temps comprennent Buffon. Pour s’en tenir aux poètes, on peut convenir maintenant que Ronsard a senti la nature plus vivement que Victor Hugo et aussi qu’il l’a connue de plus près, plus familièrement ; et on ne refusera pas au dix-septième siècle lui-même d’avoir éprouvé une certaine émotion devant les phénomènes naturels.
L’insensibilité aux choses de la nature ne se rencontre que dans les civilisations en voie de fondation et pour lesquelles le grand obstacle, le grand ennemi est la nature même. Un voyageur désintéressé comme Humboldt admire de toute son âme la splendeur des forêts de l’Amazone, mais le colon