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TUÉ À L’ENNEMI



11 mars 1915.


Dans une revue qui publie tous les mois une nécrologie très variée mais qui retient surtout les noms de personnes touchant aux lettres, à l’érudition, à l’enseignement libre, je trouve naturellement une nouvelle mention, à la suite de ces noms pacifiques : tué à l’ennemi. Je vois des professeurs de lycée et des professeurs de petit séminaire, des journalistes et des congréganistes, un membre de l’institut d’archéologie orientale du Caire, un abbé « directeur de la manécanterie des petits chanteurs à la Croix-de-Bois », un membre de l’École française de Rome, des professeurs de droit, des avocats, des archivistes, un bénédictin, un sulpicien. Mais les professeurs de tout ordre sont de beaucoup les plus nombreux, sans doute parce que leur profession est la plus répandue. L’instituteur primaire n’est pas matière à nécrologie, sauf dans les journaux de son pays et les revues spéciales, mais il a dû en disparaître un nombre considérable. C’est une liste comme celle que je viens de par-