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lucie delarue-mardrus

des petites eaux-fortes intimes, qui ne manquent pas d’art :

Le jardin où la terre est morte,
Sur la rougeur vive des soirs
Pour moi seule accuse l’eau-forte
De ses légers branchages noirs ;

Cadre de mon âme profonde
Qui s’apprête à boire la nuit,
À l’heure où la lune, sans bruit,
Au prochain arbre, et toute ronde
Revient se pendre comme un fruit…

C’est avec une piété, une piété grave, qu’elle parle de la femme, depuis qu’elle est femme :

Complexe chair offerte à la virilité,
Femme, amphore profonde et douce où dort la joie,
Toi que l’amour renverse et meurtrit, blanche proie,
Œuf douloureux où gît notre pérennité…

Mais voici que l’amour humain seul ne peut plus apaiser ce cœur si pesant « de jeunesse et de joie », elle veut à nouveau jaillir d’elle-même