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Quand, clair, minutieux, déchirant et vermeil,
Le passé vient et fait comme un baiser dans l’âme !

J’ai cueilli encore, dans ce recueil, quelques vers, qui traduisent la plus belle minute de l’amour : la certitude dans l’attente :

Mon cœur est comme un bois où les dieux vont venir.

. . . . . . . . . . . . . . . .

Je tremble, tout s’efface, il n’y a plus que nous.

. . . . . . . . . . . . . . . .

Il n’y a plus que toi et que moi sur la terre.

En même temps que la poétesse cherche à éteindre son angoisse de la mort, elle cultive le bonheur, étend vers lui ses bras, comme des branches s’élancent vers la lumière. Elle avoue cette naïve allégresse :

De croire que plus loin, d’autres cieux, d’autres mains
Donneront de meilleurs et plus sûrs lendemains
Et que le bonheur est aux lieux où l’on arrive.

C’est un bonheur toujours déçu, et toujours