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térations savantes, cadences et rythmes, qui permettent au vers d’enfermer non pas seulement l’abstraction de l’image, mais son bruit même :

La rafale a froissé les frondaisons et les tente.
Par un geste qui retrousse leur trop traînantes garnitures
Les bras nus ont ployé dans la lenteur des détentes ;
En ses poses le bois craque sous les aisselles des ramures.

Ces vers nous évoquent la double vision de la forêt et des danseuses sylvaines. Nous voyons des arbres tordre sous lèvent leur chair de femme, tendre leurs muscles. Nous écoutons bruire, sous leurs bras levés, les feuillages de leurs aisselles.

Le plaisir fait crier tout le squelette et les feuilles :
Tourner vite sur les aines ! Meurtrir l’écorce par les chocs !
S’allonger, osciller dans le péril et l’orgueil
Des beaux muscles, des longs torses, du grand spectacle qui disloque !

Il y a dans cette poésie un sens de l’exprès-