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Aussi pourrait-on penser que le poète s’est trouvé un peu étouffé par l’artiste, mais quelle sagesse d’avoir voulu maîtriser les élans de sa sensibilité, pour n’en retenir que le dessin précis. L’émotion que l’on éprouve en lisant, en étudiant ce volume, Fables et chansons, difficile un peu (ce qui est vraiment beau est toujours un peu caché, mystérieux, et ne se livre pas au premier regard, au premier palper des mains et de l’intelligence), — l’émotion ressentie est d’abord presque tout intellectuelle. Mais on admire le poète de ne nous avoir lui-même livré son émotion qu’intellectualisée par l’art. Obscurément nous retrouvons en nous les sensualités secrètes qui composent cet émoi, et on se sent troublé comme devant un beau marbre nu, ou devant l’Hérodiade de Mallarmé.

Ces poèmes sont écrits comme de la musique, avec toutes les ressources de la symphonie : alli-