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Il y a, en effet, dans ses vers, un goût de l’analyse subtile qui se marie à une sorte de fatalisme. Elle a écrit elle-même à propos de Sapho : « Les Lesbiens avaient l'attrait bizarre et un peu pervers des races mêlées. La chevelure de Psappha, où l'ombre avait effeuillé ses violettes, était imprégnée du parfum tenace de l’Orient, tandis que ses yeux, bleus comme les flots, reflétaient le sourire limpide de l'Hellas. Ses poèmes sont asiatiques par la violence de la passion, et grecs par la ciselure rare et le charme sobre de la strophe. »

Cette double qualité, la violence de la passion et la sobriété du style, se retrouve dans l’œuvre de Renée Vivien. Nouvelle Sapho, elle a chanté les mêmes amours que l'aède de Lesbos, mais elle a comme christianisé l’émotion de Sapho, en substituant à la sérénité de la poétesse grecque une sorte de perversité romantique. Ces idées