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PAUL VERLAINE


M. Gaston Boissier, en couronnant (touchante coutume) un poète quinquagénaire, le félicitait de n’avoir pas innové, d’avoir exprimé des idées ordinaires en un style facile, de s’être conformé avec scrupule aux lois traditionnelles de la poétique française. Ne pourrait-on rédiger une histoire de notre littérature en négligeant les novateurs ? Ronsard serait remplacé par Ponthus de Thyard, Corneille par son frère, Racine par Campistron, Lamartine par M. de Laprade, Victor Hugo par M. Ponsard et Verlaine par M. Aicard ; ce serait plus encourageant, plus académique et peut-être plus mondain, car, en France, le génie semble toujours un peu ridicule.