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— Espérons-le. Elle conduit Hans ainsi qu’un enfant, elle le guide ; elle a quinze ans de plus que lui ; elle l’a élevé, il la craint et la vénère sans oser la juger. Il faudra vous attacher à ne jamais la froisser pour conserver la paix.

— Je ferai tout ce qu’elle voudra pourvu que mon mari soit heureux et qu’elle me laisse la liberté de mon culte.

— Quant à cela, je ne crois pas qu’il y ait rien à redouter ; car Edvig est loyale comme tous les Hartfeld. »

Les deux amies étaient arrivées au Goulet qui sépare l’îlot de la Roche-aux-Mouettes de la terre ferme, les petites vagues montantes se glissaient déjà autour des roches. Michelle les indiqua à Rita.

« Au revoir, dit-elle, il faut que je me hâte, dans un instant ma route sera coupée, je suis bien heureuse de notre excellente promenade. J’avais pour vous une grande sympathie ; j’ai maintenant une amitié réelle. »


XII


L’époque du mariage était fixée à la veille du premier jour de l’Avent, et Michelle comptait ses heures, comme pour les allonger encore, par la sensation de les sentir passer. Elle mettait au vieux château tout en ordre, elle réparait la garde-robe usée de la marquise et elle remettait à neuf celle de Rosalie. Mme Carlet avait touché la somme promise par le comte Hartfeld, avec une explosion de joie, et la douairière s’était hâtée de la faire admettre, en qualité de dame pensionnaire, dans une communauté religieuse de Paris. Là elle serait heureuse et tranquille et sa pauvre cervelle de linotte n’aurait aucun surmenage, tout serait prévu pour elle par les Sœurs dévouées qui la soigneraient.