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de leur peine et, à la fin de la dernière année, quand aux applaudissements de tout le couvent, la jeune fille eut le prix d’excellence, ce fut réellement un beau triomphe, d’autant plus méritoire, qu’il était dû seulement à l’application et à la bonne conduite.

Michelle, sans argent de poche, sans gâterie d’aucune sorte, sans sortie la plupart du temps, n’avait trouvé de joie que dans le travail et l’affection des femmes dévouées qui l’instruisaient.

Souvent, près des élèves, elle avait rencontré le dédain et l’intention blessante ; mais, très digne, elle avait su se replier sur elle-même, chercher au pied de l’autel le refuge et le courage, et de la sorte elle avait pu franchir cette passe de l’éducation en commun si pénible aux enfants pauvres, en dessous toujours de leurs compagnes plus fortunées.

Michelle rentra à la Roche-aux-Mouettes l’année de ses quinze ans ; câlinement elle embrassa les deux vieilles femmes qui allaient retrouver un rayon de soleil au contact de son printemps. Elle enleva lestement, dès le soir de son retour, la serviette transparente d’usure que la marquise essayait de repriser pour lui demander de s’user encore, et elle dit gentiment :