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natal pour se bien porter ; je vous demande donc, au nom de mon frère qui avait en moi une absolue confiance, de me laisser ma nièce, j’en ferai une honnête Allemande. Chaque année, vous serez libre de venir passer ici vos vacances au milieu de vos enfants et j’aurai, moi, la joie de voir mon cher Heinrich.

— J’accepterais, Edvig, si cet arrangement me semblait être mon devoir.

— Il l’est. Vous n’ignorez pas que Rantzein appartient à Wilhem, que la fortune de mon frère est à ses enfants, que moi je possède en propre la moitié de ces terres. Je vous ferai remettre par mon notaire les rentes d’Heinrich jusqu’à sa majorité, elles seront très largement suffisantes pour vous deux.

— Permettez-moi de réfléchir.

— Quand j’aurai ajouté que tel est le désir de l’empereur, vous serez, je pense, convaincue.

— Cependant ce que vous venez de me dire implique chez le kronprinz une pensée différente.

— Nullement. Il s’agissait de réparer une injustice. Ceci est fait. Mais votre hostilité bien connue des années précédentes ; le soin que vous aviez d’afficher vos couleurs françaises en plein palais impérial font, qu’à présent que votre mari n’est plus là pour répondre de vous, la chancellerie souhaite vous voir à l’étranger. »

Michelle se leva.

« Je partirai demain, » dit-elle.


ÉPILOGUE

I


La rue d’Anjou est pleine de conscrits riant, chantant, jouant la gaieté que beaucoup n’ont pas. Mais, puisqu’il est d’usage