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attiré par l’ardente expression de tendresse de sa tante, s’y précipita.

« Tante Edvig, enfin !

— Mon enfant bien-aimé ! »

Elle le fit asseoir près d’elle, et alors, d’une voix grave quoique un peu hésitante, elle dit :

« Michelle, je vous tends la main.

— Je l’accepte de bon cœur, fit la jeune femme.

— Michelle, j’ai à accomplir vis-à-vis de vous une grande œuvre de réparation.

— Dieu soit loué !

— Oui, Dieu soit loué, ma sœur, car il a fait un miracle.

— Vous avez enfin découvert mon innocence.

— Oui, et pleinement. Si nous pouvions réparer le passé, rappeler à nous celui qui fut la victime de cet immense malheur. »

Les deux belles-sœurs s’attendrissaient.

« Heinrich, dit Edvig, va, mon enfant, près de ta sœur, reprends possession de cette maison qui est la tienne, sois libre, agis à ta guise. Ton ancienne chambre est préparée pour toi, celle de ta mère l’est pour elle. »

Le petit ne se fit pas prier, il bondit au dehors. Alors Edvig, toujours grave, reprit :

« Approchez-vous de moi, Michelle, ce que j’ai à vous dire m’est pénible, car je dois m’accuser ; mais je vous ai vu si charitable souvent, que j’espère, moi aussi, en votre indulgence.

— Comptez-y pleinement, ma sœur.

— Écoutez donc : Après la Première Communion de Wilhem, je résolus de quitter Berlin, je ne pouvais vivre dans cet hôtel aux odieux souvenirs, je voyais la nature énergique et virile de mon neveu se rapprocher de plus en plus de celle de mon pauvre frère. Je reconnus que je pouvais avoir confiance en un caractère si parfaitement équilibré, et je consentis à m’en séparer, à le laisser poursuivre ses études et à venir, moi, habiter Rantzein, cette maison de famille, berceau