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Michelle demeura stupéfaite. Quoi ! après deux ans, Edvig lui écrivait, et sur ce ton poli. Elle songeait à la rassurer ! Qu’était-ce ?

« Mère, nous allons partir, dit Henri. Je suis sûr, vois-tu, que c’est du bonheur. J’ai trop bien senti, ce matin, à la messe, qu’il venait enfin vers nous.

— Oui, tu as raison. Seulement, doit-je t’emmener ?

— Bien sûr. Tu ne vas pas me laisser.

— Mais si ta tante veut te reprendre.

— Ça, jamais, je suis un homme à présent, et Wilhem ne le permettrait pas, ajouta l’enfant avec sa belle confiance en l’aîné.

— Attendez donc, fit Mme Pierre, qui écoutait sans trop comprendre ; c’est de vos parents d’Allemagne, pas vrai ? Eh bien ! laissez-moi Henri, allez à vos affaires. J’aurai soin du gosse comme du mien.

— Je le sais, mais le petit sera content de voir là-bas ceux qu’il aime. Je vais le prendre avec moi. Rendez-moi le service, ma bonne Madame Pierre, d’aller prévenir de mon départ obligé et immédiat, ma mère et M. et Mme Rozel.

— Ce sera fait dès demain matin. »

La nuit fut agitée pour Michelle. Elle réfléchit à mille choses et bâtit mille histoires. Puis, au jour, elle appela son fils, qui était déjà éveillé, et ils se mirent à préparer une petite valise.

Mme Pierre frappait à la porte.

« Tenez, disait-elle, je vous apporte votre lait avec le mien, bien sûr que vous oublieriez de déjeuner, ce matin.

— Merci, répondit Michelle avec un sou-