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Edvig en venait à croire à la sorcellerie, à mettre sur le compte de Michelle des attaches diaboliques. Sa haine l’égarait à tel point que rien d’invraisemblable ne lui semblait naître d’une telle supposition.

La résolution de Wilhem lui meurtrit cruellement le cœur, mais elle n’osa la battre en brèche. Sa volonté dominatrice était tenue en échec par l’attitude ferme de cet enfant. Son propre sang se retournait contre elle.

« Tu n’aurais pas fui, toi ? Tu n’aurais pas abandonné ta tante ?

— Je n’aurais pas quitté mon pays. J’ai promis à mon père de le servir toujours. Mais je veux m’en aller, tante, je respire mal dans cette solitude, il me faut des camarades, des amis. J’ai encore une autre raison, tante : je dois me préparer à ma Première Communion. »

Edvig fronça le sourcil. Quelle nature, cet enfant ! il fallait compter avec lui. Alors, elle répondit :

« Nous allons retourner à Berlin, j’ai cru bien faire en venant ici. Si j’étais restée en ville, ce malheur ne serait pas tombé sur nous. Une fois en ville, je dirigerai mieux mes recherches. Tu pourras suivre les cours sans t’éloigner de moi, et je te ferai, quoi qu’il m’en coûte extrêmement, connaître le prêtre catholique qui administra ton pauvre père. »