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cette étude deviendrait pénible entre nous, et qu’un peu de distraction serait à propos ? Voulez-vous que je vous offre une coupe de Champagne, votre vin de France ? »

Il l’entraîna. Devant eux, la foule s’écartait respectueuse. Le prince demanda deux coupes, et plusieurs invités, qui se trouvaient au buffet, l’imitèrent.

« À la beauté ! fit le prince levant son verre.

— À la bravoure ! s’écria une autre voix.

— À l’Allemagne ! reprit le prince. Allons, comtesse, choquez votre coupe à la mienne ; formulez une acclamation.

— À la patrie ! » répondit bravement Michelle.

Il la regarda encore, attentif, un peu ému. Cette jeune femme avait réellement une incroyable vaillance.

« À la revanche ! » souffla une voix derrière la comtesse Hartfeld.

Elle se retourna, vivement surprise, et rencontra le regard du député Freeman. Elle ne put s’arrêter, le prince l’emmenait danser.

Quand la musique cessa, il la reconduisit lentement, un peu essoufflée, un peu chancelante de cette valse :

« Je crois, comtesse, dit-il d’une voix insinuante, que j’ai un peu effeuillé vos fleurs, ne le pensez-vous pas ?

— Peut-être, prince, mais les tiges restent et refleurissent sans cesse.

— Bonsoir, comtesse, fit-il, si on ne vous savait Parisienne, on le devinerait en causant avec vous. »

Michelle était lasse, elle aurait voulu ne plus parler, goûter le plaisir de la causerie intérieure avec soi. Hans passait avec l’empereur. Il lui adressa un regard affectueux en la voyant.