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de mon cœur, vous tous ici, car avec mes parents, bien sûr, vous êtes mes meilleures tendresses. »

Rita l’attira à elle ; mit un baiser sur le front de la jeune fille :

« Tu es toi, la plus excellente créature que je connaisse. Ces Bretonnes sont de purs diamants. J’en ai connu deux : deux perles.

— Dans deux huîtres, conclut Yvonne souriant ; mais l’huître meurt, quand on la détache de son rocher.

— Du tout, elle se greffe, ma belle, les Sables-d’Olonne fournissent à Ostende les jeunes plants.

— Comment voulez-vous, Yvonne, que je vive sans vous ? écrivit Max.

— Ainsi qu’avant ; dans deux ou trois jours, on vous ôtera votre bandeau et vous n’aurez plus besoin de personne ; vous redeviendrez un grand garçon robuste.

— Toujours faible sans vous, ma petite fée. »

À présent, c’était ainsi chaque jour : des causeries gaies entre eux trois, où se montrait une affection croissante.

Souvent, le soir, à l’heure où tombait la nuit, avant qu’on apportât les lampes, Rita faisait entendre son admirable voix, si pure et si suave, Max écoutait les mains jointes, Yvonne avait les larmes aux yeux, et le prince – jamais las d’entendre celle qu’il aimait si saintement – songeait aux extases du ciel.


XIX


Ce fut précisément un de ces soirs de paix qu’arriva Hans Hartfeld. Il était venu par le bac de Dinard à pied jusqu’à la Roussalka. À travers les vitres de la véranda, il les avait tous aperçus dans leur intimité et il s’était glissé silencieusement entre eux.

Alexis lui avait aussitôt tendu les bras.