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était conclu ! Un prélude de paix. Alors, toutes les lettres arrivèrent par paquets et Hans en eut une de Rita, qui acheva de la convaincre. Sa cousine lui parlait des derniers événements, de son fils installé avec elle à la Roussalka. Elle avait appris son accident par les Lahoul et elle le priait de venir les rejoindre, d’achever près d’eux sa convalescence.

Alors Hans se décida. Oui, il irait incognito, en cachette de tous, avec des habits civils. Il resterait quarante-huit heures, le temps seulement, entre Alexis et Rita, qui seraient ses parrain et marraine, d’aller mettre au pied du même autel où avait été consacré son mariage, son abjuration. À partir du moment où il prit cette décision, la paix descendit dans son âme.


XVIII


« L’armistice ! » cria Lahoul, entrant comme une bombe dans le salon de la Roussalka, où Yvonne préparait doucement, sur une petite lampe une sorte de bouillie nourrissante, qu’elle faisait ensuite avaler à son malade, pendant que la princesse soutenait sa tête, à l’aide d’un bras sous l’oreiller. Max tourna les yeux il entendait et comprenait tout.

Ne pouvant encore parler, il exprimait par signe et à l’aide d’un crayon ses volontés et ses désirs. Le prince était allé le matin à Saint-Malo, ayant affaire à son yacht, toujours en rade et le Vieux Corsaire, journal malouin, venait de publier la nouvelle reçue par télégramme. La princesse avait tressailli.

« Enfin !

— C’est le prélude de la paix, fit Yvonne joyeuse. Nous allons revoir Minihic.

— Je l’espère, dit Lahoul, pourvu que tu dises vrai, ma fille ! »

Le prince, ayant appris en route la nouvelle, était revenu sur ses pas pour l’annoncer aux siens. Il étendait le journal, triomphant, sous les yeux de son fils.