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Aucune réponse ne vint.

L’officier et le major s’avançaient pour la visite et l’appel. Le major remarqua la pâleur et le tremblement de la jeune femme.

« Vous n’auriez pas dû vous lever, Madame, dit-il ; vous faites plus que vos forces, vous avez la fièvre. »

Elle ne parvint pas à répondre, mais le ciel était pour elle ; sa petite comédie devenait une réalité, nul n’aurait de soupçon à son égard, et elle sauvait aussi le factionnaire.

Elle ouvrit son bureau pour remettre au chirurgien les notes de santé des blessés, et ses yeux rencontrèrent tout de suite le petit paquet de Minihic, sur lequel était épinglé un billet.

« Quelle imprudence ! » se dit-elle, et, saisissant le tout, elle courut s’enfermer chez elle pour lire ces lignes :

« Chère et respectée maîtresse, pardonnez-moi, mais je ne puis plus vivre ainsi. J’ai la pensée constante de mon pays en détresse qui réclame son droit à ma vaillance. Je crois aussi que vous-même m’estimerez plus, en me voyant lutter pour garder notre France. Mon grand chagrin est de vous quitter. Aussi je vous supplie, quand cela sera possible, de m’écrire un mot chez mon père. Moi, de mon côté, je vous donnerai des nouvelles