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XIII


Après la soupe, Georges Rozel, capitaine de mobiles, avait fait sonner le départ. Il voulait rejoindre l’autre bataillon français, et marcher avec lui, sur Lomont, reprendre le village et s’ouvrir ainsi un passage sur la ligne de Belfort. Là il espérait rencontrer le général Ulric et se joindre à sa troupe ; mais il avait compté sans le renseignement fourni par le général, et quand il voulut sortir du bois, il était cerné. Au lieu de rencontrer Max et sa bande, il donna en plein dans l’embuscade allemande.

« Rendez-vous ! » crièrent les Prussiens.

Pour toute réponse, les Français épaulèrent leurs armes.

« Feu ! commanda Georges, et à la baïonnette passons ! »

Les braves Français, ayant déchargé leurs armes, s’élancèrent sur l’ennemi à fond de train.

Ébranlés aux premiers rangs, les Prussiens se reformèrent tout de suite, renforcés à l’arrière, et ce fut une boucherie, un massacre : les pauvres moblots français jonchèrent le sol. Tout ceci se passait dans la plaine, à deux kilomètres du refuge des Hartfeld. Mais ils n’entendaient rien, endormis, inertes, épuisés…

Ce ne fut que le soir, quand ils s’éveillèrent, qu’un officier vint prévenir Hans :

« Mon général, encore une victoire, et grâce à vous !

— Pendant que je dormais, alors.

— Juste, mon général, vous nous avez envoyé surprendre l’ennemi, nous l’avons battu à plate couture ; du bataillon, rien ne reste : tous tués, ou blessés, ou prisonniers. »