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s’en rendre compte et c’est une manifestation d’égoïsme ; soyez dévouée à vos devoirs de mère et d’épouse chrétienne. Enfermez-vous dans votre petit centre d’action, qui est le foyer. Ne regardez pas au dehors, la place de la femme est toujours inférieure, si toutefois on peut appliquer ce mot à celle qui est l’âme de la famille. La Vierge Marie travaillait et priait, voilà votre divin modèle. »

Michelle se retira un peu rassérénée. Que pouvait-elle en effet ?

Elle devait humblement se tenir où le ciel l’avait placée, avec l’unique idée d’accomplir ce qu’elle devait aux siens simplement, sans considérer ni ses goûts, ni ses préférences, ni céder à l’orgueil de tenter d’entraver les événements, où elle n’avait pas de mission.

Plusieurs jours s’écoulèrent encore. Paris resplendissait sous le radieux soleil estival : sur les routes, ce n’étaient que beaux équipages ; sur la Seine, que bateaux de plaisance allant vers Saint-Cloud, où se tenait la cour. Les comédies, les tableaux vivants, les petits jeux se succédaient en ce centre de plaisir.

L’étranger regardait de loin Paris avec étonnement, les joies lui semblaient celles d’enfants imprudents.

Les journaux de l’opposition avaient bien d’ironiques avertissements, on chansonnait l’empereur, on attaquait l’impératrice… Et le couple impérial rêva tout à coup d’un grand dérivatif, d’une chose qui occupa les masses pour les détourner d’eux, d’un cyclone passant dans le temps, pour en changer le cours.

Et tout à coup, un soir tomba chez les Hartfeld, cette terrifiante nouvelle :

« Ordre au colonel Hans Harfeld de réin-