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— Ah ! je le comprends.

— Voulez-vous que je vous présente à ma mère et à mon oncle, Madame ? ils sont assis à quelques pas et je les ai quittés pour venir vous saluer.

— Je suis bien en deuil, Monsieur, mais il serait certainement étrange que je cause ainsi avec vous, sous l’œil des vôtres, sans m’avancer vers eux. »

Michelle se leva en disant ces mots.

Assis à l’écart des groupes bruyants, un homme déjà figé, revêtu du costume ecclésiastique, et une femme, à l’extérieur simple et doux, regardaient avec bienveillance les jeunes gens venir à eux.

« Mon oncle, l’abbé Rozel, présenta George, et ma mère. »

Tout de suite, Michelle tendit la main au vénérable prêtre et s’inclina, souriante, devant Mme Rozel.

« Monsieur le curé, votre nom est resté à jamais gravé dans mon cœur, depuis que tout enfant vous m’avez protégée et secourue. Le vieillard se leva avec empressement, il regarda bien en face celle qui lui parlait et avec un sourire :

« Les années n’ont pas été pour vous et moi également clémentes, chère enfant, elles ont neigé sur moi et répandu sur vous leur rosée bienfaisante ; vous êtes sans doute, une des nombreuses fillettes à qui j’ai fait le catéchisme.

— Non, Monsieur le curé, je vous dois plus encore. Vous avez été pour moi, l’unique ami, le seul protecteur, quand tous m’abandonnaient. Vous ne vous souvenez pas de vos bonnes œuvres, je vais vous rappeler une des meilleures. Il y a environ douze ans vous vîntes aider à mourir un pauvre blessé, dans un triste appartement du boulevard de la Villette. Une femme et une enfant sans