Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parlent à leurs maîtres, que lorsqu’ils sent interrogés. Allez. »

Minihic ouvrit des yeux immenses, montra toutes ses dents dans un rire bête et resta planté où il était, sans oser remuer.

Hans et sa femme quittèrent aussitôt l’écurie.

Une autre question allait se présenter ; à table, où mettrait-on le couvert de la jeune comtesse ? Au bout, en tiers, ou en face de son mari ? Edvig, au moment de s’asseoir, regarda son frère, puis, comme il ne soufflait mot, très ennuyé, elle s’assit au milieu, à sa place habituelle, et Michelle fut installée à droite de son mari.

L’habitude dès lors fut prise.

Grâce à l’extrême douceur de Michelle, la paix en somme s’établit. Edvig conduisant tout, devint supportable, elle cessa les allusions blessantes peu à peu et rien ne troubla l’harmonie jusqu’au jour où, au grand bonheur de tous, le petit Wilhem vint au monde.

La joie de la jeune mère était immense ; enfin, elle avait à elle un enfant, on n’allait pas le lui disputer celui-là au moins ; elle le nourrirait, l’aimerait, ne le quitterait plus.

Ah ! mais non, là revint la querelle : « Nourrir cet enfant, quelle folie, s’écria Edvig, à votre âge ! vous êtes trop jeune pour être bonne nourrice, l’avenir de notre race exige que les Hartfeld soient robustes, nous allons choisir une vigoureuse paysanne. »